Standardisation ou expression du terroir ?

Le vin a été crée par l’homme, pour l’homme. Nombreux ont été les tâtonnements et les recherches depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.<br><br>Intéressons-nous à notre époque où la culture de la vigne, la vinification et la conservation du vin nous paraît maîtrisée par la science et la technologie.<br>

Fort de notre expérience dans la viticulture conventionnelle (en tant que salariés), il nous est apparu grâce aux conseils avisés de quelques aînés que la base de la viticulture n’était pas dans la maîtrise « sciento-technologique » mais dans la mémoire collective des vignerons et dans la recherche des équilibres instables de la vie.

Beaucoup de facteurs sont déterminants pour l’élaboration d’un vin :

Les choses qui ne changent pas :

1. le terroir :

Il est la base du vigneron, les aires de production ont été répertoriés depuis fort longtemps, c’est la colonne vertébrale du vin.

2. le porte-greffe (les racines), le cépage et sa sélection (les raisins) :

Sur un terroir donné, une plantation de vigne aura un potentiel. C’est de rechercher le meilleur potentiel de la vigne pour sublimer le terroir qui importe.

Il est à noter que la plantation en pieds francs (sans porte greffe) aurait un pouvoir supérieur au niveau de l’expression minérale d’un vin.

3. la densité de plantation :

La colonisation du sol par les racines est déterminante. Sur un hectare, le nombre de pieds change le rapport de la vigne avec son terroir. A priori une densité forte oblige la vigne à descendre plus profondément dans le sol et ainsi puiser les éléments nutritifs au cœur du terroir. Le labour de la terre est aussi un facteur qui oblige la vigne à descendre.

Quelques-uns des facteurs aléatoires (et il y en a beaucoup !!)

1. le millésime :

Suivant le climat de l’année, la vigne aura des expressions végétatives différentes. Là tout est possible en terme de rendements, de qualité, d’arômes…..

2. le travail du vigneron :

Suivant ses possibilités, le vigneron joue aussi sur l’expression végétative de la vigne. Une taille précoce et la vigne poussera généralement plus tôt dans la saison. Toutes les actions du vigneron de la taille à la récolte seront prépondérantes dans l’aboutissement du millésime.

Au regard de tous ces constats, si le vigneron a su préserver la vigne des facteurs négatifs et que, par une culture irréprochable (sans chimie) il récolte des raisins « gorgés de vie » on peut envisager une vinification naturelle (sans rien ajouter et en évitant tout traitement physique nocif).

L’opposition entre viticulture conventionnelle et biologique est mise en exergue à ce moment là (le débat n’est pas porté sur le sujet « vin bon ou mauvais »).

Les uns à grand renfort de désherbants (déséquilibre du sol), de traitements et insecticides de synthèse (déséquilibre de la faune), de machines à vendanger (déséquilibre de structure) ne peuvent pas concevoir une vinification naturelle. Ils sont obligés de préserver la vendange avec du soufre, de reconquérir le milieu avec des levures sélectionnées, de chauffer, refroidir, stabiliser etc.….afin d’obtenir du vin.

Les autres partent avec un « potentiel de vie » qu’ils préservent à chaque étape. C’est le vin lui-même qui contient ses ressources, le vigneron doit juste les interpréter tout au long de la transformation du jus de raisin en vin. La stabilisation est naturelle, le vin n’est mis en bouteille que lorsqu’il est prêt (élevage).

En conclusion tout le monde part avec un potentiel terroir/vigne, et suivant ses actions au cours du millésime obtient un « potentiel vin ».

Il faut se rendre compte que produire du vin est un concept, personne n’est obligé d’adhérer. Dans l’absolu nous préfèront un vin fringant de liberté qu’un autre lissé par la chimie.

Le débat entre diversité et standardisation du goût peut maintenant commencer !!!!!

Patrick Desplats - Domaine des Griottes