La résistance des vignes

François Morel raconte le vin au naturel aux Editions du Vin « LeRouge&leBlanc » (2008). Il illustre par cette citation de Marx, le mal fait aux vignes, aux sols et au métier de la viticulture.

« […] Chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art d'exploiter le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du Nord de l'Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce processus de destruction s'accomplit rapidement, la production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du processus de production sociale qu'en épuisant en même temps les deux sources d'où jaillit la richesse : la terre et le travailleur . » Karl Marx, Le Capital, Livre Premier, Chapitre XV

Le vin, devenu produit a été saccagé à partir du moment où l'industrie agro-alimentaire a pris son essor, ce qui ne date pas d'hier, François Morel remonte aux Trente Glorieuses, rendement maximal et économies au programme. Les appellations AOC normalisent, le développement de l'œnologie dirige les goûts. Ainsi, le pinot noir bourguignon se doit de goûter la griotte alors que le cabernet franc tourangeau « exhale » le poivron.

 

Je ne veux pas dérouler ici cette passionnante histoire du vin naturel parfaitement expliquée par son narrateur.

 

Mon propos est de souligner l'activisme d'une poignée de vignerons bien avant la mode écologiste et l'inondation de produits bio dans nos supermarchés découlant de la demande. La mode biologique ne renoue pas avec les saveurs. C'est juste une façon de se rassurer sur une qualité de réalisation.

 

Des vignerons initiés (entre autres) par les travaux et les conseils de Jules Chauvet sont entrés en résistance et réalisent des vins non chaptalisés, non sufiltés, non levurés. Le vin redevient une matière vivante. Depuis les années 80, ces vignerons retravaillent les vignes, le sol, activités abandonnées avec la machinerie productiviste et son utilisation de pesticides et de désherbants. Ils produisent du vin naturel. Du goût.

 

La majorité se contente de marquer « vin de table » sur leurs bouteilles car les appellations leur sont refusées.  Le soutien de quelques cavistes et restaurateurs a aidé les pionniers. L'ajout du cépage sur les étiquettes vient  juste d'être accordé, quand la demande est là ...

 

Déguster du vin naturel est assez déroutant, les gammes de couleur sont inhabituelles, il peut être clair, opaque ...  et perlant, vif en bouche ou même pétillant. Il faut se débarrasser des habitudes gustatives imposées par la grande distribution.

 

Une leçon à tirer, une poignée d'hommes a pris le risque de travailler hors système.

 

Le vin naturel existe à nouveau grâce à eux.

 

Quelques noms par régions :

 

http://www.lesvinsnaturels.org/rubrique.php3?id_rubrique=17

 

Agathe